C’était il y a tout juste un an, mais les émotions sont encore vives. Le 9 août 2024, l’équipe de France masculine de tennis de table décrochait une médaille de bronze historique dans la compétition par équipes, au terme d’un combat mémorable face au Japon. Un an après, Simon Gauzy, Alexis Lebrun et Félix Lebrun replongent dans les coulisses de ce moment gravé à jamais dans leur mémoire et dans celle du ping français.
Quel souvenir précis reste le plus fort un an après ?
Simon : Le plus fort.. bon il y en a plusieurs bien évidemment mais le moment qui me reste le plus en tête c’est la balle de match de Félix face à Shinozuka où ça donne la médaille et la célébration avec tout le public, les larmes avec la famille, tout ça. Ça c’était vraiment le moment je pense que je n’oublierai jamais de ma vie.
Alexis : Pour moi un an après le souvenir le plus fort c’est toujours le même, c’est vraiment les célébrations au Club France et le moment de partage qu’on a vécu avec tout le monde. Les deux jours où on a pas trop dormi après la médaille.
Félix : C’est difficile de donner un moment en particulier mais toutes les célébrations avec le public pour la médaille par équipes forcément. J’en garde des souvenirs exceptionnels, je pense que c’est quand même mes meilleurs moments malgré la médaille en individuel on a pu se reconcentrer pour le par équipes. On savait que ce serait le dernier match qu’on pouvait jouer et on en a profité un maximum, ça restera très longtemps.
Est-ce que ta médaille a changé ta perception de Jeux olympiques ?
Simon : Moi c’était mes 3ème Jeux olympiques et les trois étaient bien différents. Mes premiers ont été ratés, je n’ai pas été bon, mes deuxièmes où j’ai été bon mais sans médaille et sans public et mes troisièmes avec le public complètement fou et la médaille. Donc j’ai vécu trois scénarios bien différents et c’est évidemment les derniers que j’ai préférés.
Alexis : Je pense que c’est plus l’expérience entière des Jeux olympiques, le fait de découvrir ce que c’est, de prendre conscience de l’événement qui m’a fait réaliser à quel point c’était exceptionnel. Ça m’a donné encore plus envie de continuer le plus longtemps possible pour participer à plein de Jeux olympiques dans ma vie. J’espère déjà pouvoir participer aux suivants.
Félix : Je ne pense pas que ça ait changé ma perception des Jeux olympiques parce qu’ils auraient été magnifiques même si on n’avait pas réussi à attraper une médaille mais par contre ça nous a apporté des souvenirs mémorables et une envie encore plus forte d’aller jouer les Jeux olympiques de Los Angeles et de s’y préparer du mieux possible.

© FFTT / Rémy Gros
Qu’est-ce qui a changé dans ton quotidien depuis ?
Simon : Il n’y a rien qui a vraiment changé mais juste après les Jeux olympiques il y eu un gros changement parce que j’avais besoin de souffler. Pendant deux, trois, quatre mois je ne me suis quasiment pas entrainé, j’avais peu de motivation pour ça et j’avais aussi besoin de me ressourcer. A partir du moment où j’ai réalisé que je ne rejouais pas bien je suis reparti à l’entrainement et depuis 2025 ça se passe très bien. Aujourd’hui il y a toujours cette pression avant les matchs mais je relativise bien plus quand il y a une défaite et je profite encore plus des victoires parce que je ne sais pas encore combien de temps je vais pouvoir vivre ces bons moments.
Alexis : Dans le quotidien on se fait davantage reconnaître et on a eu plein d’opportunités sympas. Après dans le vrai quotidien, l’entraînement reste le même mais forcément on a un peu plus dû apprendre à gérer les médias, les demandes de dédicace et le fait d’être plus connu. Pour le reste notre quotidien ça reste vraiment les entraînements et les compétitions.
Félix : J’ai envie de dire qu’il n’y a pas grand-chose qui a changé, c’est toujours l’entrainement, des voyages, des compétitions dans notre quotidien du tennis de table. Après forcément il y a du changement dans la façon dont les gens te regardent, te reconnaissent, on te demande des photos, les gens parlent avec toi, on discute et c’est souvent super sympa. Donc un peu de changement là-dessus et il a fallu s’y habituer mais c’est hyper agréable.
Quels enseignements retiens-tu de cette aventure ?
Simon : C’était une aventure sportive incroyable et humaine peut-être encore meilleure. Il y a eu des médailles, une pour Félix en individuel et une pour l’équipe. Je retiens la cohésion dans l’équipe, avec Jules (Rolland), avec Nath (Nathanaël Molin) et tout le staff, avec la famille dans le public. C’était quelque chose d’absolument fou et extraordinaire et t’as envie de revivre ces moments-là.
Alexis : Les enseignements je pense qu’on les a déjà retenus. Moi j’ai réussi à très bien jouer après les Jeux olympiques donc je pense que ça m’a été totalement bénéfique au niveau ping. Ça m’a permis de faire une très belle saison 2025, la meilleure de ma vie pour le moment donc je pense qu’on a tiré les bons enseignements dans mon jeu à l’issue de cette compétition. J’ai pu rencontrer des tops joueurs au top de leur forme. C’était bien pour préparer la suite aussi parce qu’une carrière c’est long et j’espère pouvoir vivre d’autres grandes compétitions comme celle-ci.
Félix : Je retiens énormément de choses. Je m’étais fixé un objectif avant les Jeux qui était de profiter de ce moment et même malgré tout ce qu’il s’est passé j’ai envie de reparticiper à des Jeux olympiques parce que c’est l’épreuve phare pour tout sportif, mon rêve depuis tout petit. L’enseignement c’est aussi que le parcours est long et très difficile, il faut se préparer à enchainer les matchs de très très haute intensité. Chaque match qu’on joue aux Jeux olympiques est différent d’un match qu’on jouerait contre le même adversaire dans n’importe quel tournoi.

© FFTT / Rémy Gros
Penses-tu déjà aux prochains Jeux olympiques ?
Simon : Oui, j’y pense tout le temps aux prochains Jeux olympiques. Après avoir vécu ça t’as envie d’y reparticiper et pourquoi pas de refaire de grandes choses. Donc évidemment que j’y pense mais il reste encore 3 années et la concurrence est forte. Je pense mois après mois, années après années, on verra bien si j’arrive à me qualifier et si je me qualifie je pense qu’il y aura encore de belles choses à aller chercher.
Alexis : Non, pour l’instant je pense plus aux objectifs à court terme même s’ils sont dans un coin de ma tête, ça me fait rêver mais ce n’est pas quelque chose que j’ai tous les jours en tête. Là, je suis motivé par les championnats d’Europe par équipes qui arrivent bientôt donc j’essaye de ne pas penser aux Jeux et penser d’abord à progresser et m’installer dans les tous meilleurs joueurs du monde et quand ils arriveront là j’y penserai un peu plus.
Félix : Dans un petit coin de ma tête mais c’est encore loin, il y a beaucoup d’objectifs, beaucoup de choses à aller chercher avant, pour se qualifier aussi parce que la France est devenue très concurrentielle. Donc ça reste encore assez loin.
Quelle serait l’anecdote que tu aurais vécue hors ping à retenir ?
Simon : Y’en a plusieurs dont certaines que je ne pourrais peut-être pas raconter dans tous les détails. Mais on va dire que j’ai eu la chance avec Jules (Rolland) d’aller voir certains sports avant le début de la compétition par équipe. On avait du temps, les gars, Félix et Alexis jouaient, les filles aussi donc nous on en a profité pour aller voir le premier jour des Jeux olympiques, au lendemain de la cérémonie, les demi-finales et la finale du rugby à 7. A partir de ce moment-là on est vraiment entré dans les Jeux olympiques de manière extraordinaire, 90 000 personnes qui étaient en folie. Et on a eu aussi la chance de voir le doublé de Léon Marchand le même soir, ça c’était.. ça c’était complètement fou. Le moment où il revient dans le dernier 50m je pense que je n’ai jamais entendu autant de bruit c’était complètement fou, complètement. Et enfin les 72-96h après la médaille, c’était de la folie. Que ce soit dans la salle, au club France, en boîte ensuite ensemble avec tout le staff, toutes les filles, les gars. C’était un moment suspendu dans le temps, on était dans notre bulle on célébrait juste le fait d’être tous ensemble, avec tous ceux qui ont participé à la médaille, à l’aventure et ça c’était dingue. Et pour la petite anecdote j’ai dormi 5 heures en 96h après la médaille.
Alexis : Nous quand on est rentrés à Montpellier c’est vrai que c’était assez drôle, on est sorti en soirée et on est passé derrière les platines du DJ, il a lancé la Marseillaise et tout le monde s’est mis à la chanter alors que ce n’était pas du tout prévu, c’était un moment assez curieux mais génial à vivre.
Félix : L’anecdote c’est lorsqu’on a vu dans le village que les choses avaient changé pour moi après ma médaille en individuel. Au début personne ne me reconnaissait et après la médaille je me faisais arrêter partout par les policiers, les gens, c’était super agréable. Ou encore dans des moments assez simples, quand on allait manger au restaurant avec la famille, le staff ou les coéquipiers, des moments un peu hors ping qu’on se remémore encore un an après.

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